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{:fr}Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la communication{:}{:en} Open Letter to the Minister of Communication{:}

Il faut également qu’un volet formation des locaux soit imposé aux promoteurs de telles missions afin qu’un transfert de compétences s’opère graduellement en vue de notre émergence dans le domaine médical. Il faut enfin selon moi arrêter de solliciter l’expertise étrangère pour des choses que nous pouvons faire nous-mêmes et réserver les missions et échanges à des domaines vraiment orphelins et très pointus.

Je me réjouis de ce qu’environ 6000 de mes compatriotes trouveront une solution ponctuelle à leur problème. Mais qu’en est-il des millions d’autres qui souffrent de maladies chroniques et cancers, ou vont perdre leur autonomie ou leur vie au décours d’un accident ? A quand  un autre navire pour soigner cette foule silencieuse de patients démunis ? A quand un bateau pour la foule innombrable de femmes qui n’ont pas les moyens de faire un suivi optimal de leur grossesse ? Monsieur le Ministre, il est évident que ce ne sont pas des navires-hôpitaux qui nous conduiront vers l’émergence. Cependant, l’un des navires qui nous y conduira certainement est l’assurance-maladie universelle que nous appelons de tous nos vœux. Elle permettra que le Camerounais lambda échappe à la précarité sanitaire. La pertinence et la faisabilité de cette assurance ne sont plus à démontrer. Alors, il est temps de faire un progrès significatif en la mettant en place. Nous ne pouvons plus continuer à gérer  notre bien le plus précieux-la santé- ainsi. Je ne peux plus compter le nombre de camerounais enfants, hommes et femmes que j’ai vu mourir en dix ans faute de moyens suffisants pour se faire soigner. Certes, me direz-vous,  la pauvreté n’est pas une particularité camerounaise et ce bateau-hôpital fait des escales dans de nombreux autres pays. Mais comparaison n’est pas raison, surtout dans un pays aussi bien pourvu en ressources humaines que le nôtre. Un demi-siècle après notre indépendance nous ne pouvons pas nous réjouir d’évacuer des patients souffrant de hernies, de goitre ou de fentes palatines. En effet, l’évacuation sanitaire est la sollicitation d’une expertise étrangère pour des problèmes qui ne peuvent trouver leur solution localement. En l’occurrence, le Gouvernement fait venir cette expertise au Cameroun, certes, mais ils seront techniquement opérés en terre étrangère, dans un bateau étranger. Tout un symbole. Aussi bien pour cette mission que pour les milliers de cas que nous évacuons autrement chaque année, je voudrais assurer, Monsieur le Ministre, que dans la plupart des cas, l’expertise locale existe. Le plateau technique fait parfois défaut. Donnez-nous les moyens de faire notre travail correctement et vous-même, votre famille et tous les camerounais pourront se soigner au Cameroun à moindre coût.

Voilà, Monsieur le porte-parole du Gouvernement ce qu’un humble médecin camerounais avait à cœur de vous dire ce jour. Je compte sur votre verve habituelle pour me donner une réponse claire et sans détour.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma parfaite considération.

 Valentin FOKOUO

1er Mai 2017

 

{:}{:en}Mr. Issa Tchiroma Bakary, Minister of Communication, Government Spokesperson

I am a Cameroonian surgeon practicing since the environment a decade in the hospitals of third and fourth category of our country, caring for my compatriots, always with dedication to the Man and passion for this noble profession that I chose , Despite the various inadequacies of our health system, despite the many avoidable tragedies of poverty, and under difficult conditions of work and life.

Following your press briefing on the humanitarian mission that the NGO Mercy Ships will be carrying out soon in our country, I was seized with insomnia, tormented by certain questions to which you can answer. In summary, the Africa-Mercy hospital ship will stay in Cameroon for 10 months from August 2017 to operate a maximum of 6,000 people with rare diseases and who are not treated in the same place, selected in all districts Of the country. The service in charge is complete, including transportation round trip, nutrition, operation and postoperative follow-up.

As a physician, any initiative to alleviate the human suffering caused by the disease is commendable. I am delighted for the 6,000 people who can be treated. Besides, I will send my patients there. In this sense, the invitation of the Government to Mercy Ships is to be welcomed. However, it is important to ask a few questions and make some clarifications.

When I looked at the criteria for selecting patients for this mission, I got a real slap. My professional pride took a hit. To say that in 2017 in Cameroon foreigners are invited to operate hernias, obstetric fistulas, goitres! With all the medical expertise that exists in this country! When I listened to you then, Mr. Minister, indignation and surprise took over. Cameroonians and the whole world listening to you in mondovision will say that in Cameroon doctors are not able to operate a hernia or a cataract. And yet, my colleagues and I have very advanced skills acquired here and elsewhere. I can assure you that none of the pathologies targeted by this humanitarian mission is beyond our technicality. And even the technical platform of our hospitals of the 3rd or 4th category may suffice to operate almost all of it. The real denominator of all these patients, Minister, is poverty. Indeed, they are mostly sick for years. Diagnosed, they were not able to gather the means necessary to get operated. Born malformed or deformed by an accident, they lived long reclusive and inactive, for want of means. In giving life, women have been victims of obstetric fistula which has poisoned their lives by making them unfeasible.

Author

Ngounou Nzietchueng Caline